Jean Calvin (1509-1564)
La démarche de Calvin dans le domaine de l’éducation était largement déterminée par sa théologie :
la souveraineté absolue de Dieu,
la prédestination,
l’obligation pour l’homme de se soumettre à la volonté de Dieu,
la dépravation totale de l’homme : volonté, raison,
la nécessité de remplacer les mauvaises tendances par de bonnes habitudes et des pensées pieuses.
C’est à Genève que Calvin pourra mettre en oeuvre les implications de sa théologie dans le domaine civil et religieux. Il collabore à la création d’une société théocratique dans laquelle l’église, l’état et la famille doivent s’unir dans le but d’accomplir la volonté de Dieu sur la terre, pour la seule gloire de Dieu.
Dans ce type de société, le pouvoir politique est le serviteur du pouvoir ecclésiastique ; ce dernier n’est pas à confondre avec un pouvoir économique ou militaire, mais son domaine est celui de l’éducation.
Les pasteurs ont la charge de communiquer efficacement la volonté de Dieu :
aux responsables de l’état : pour qu’ils mettent en place les structures, les lois conformes à la volonté de Dieu,
aux parents : pour qu’ils puissent enseigner le catéchisme à leurs enfants, et qu’ils soient eux-mêmes en accord avec les principes bibliques. Pour cela, chaque foyer de la ville était visité au moins une fois par les pasteurs.
L’académie de Genève, dans cette conception d’une discipline morale et spirituelle, apparaît comme la clé de voûte de l’organisation ecclésiastique de la cité, avec un programme d’instruction religieuse et de vie de piété très important.
Elle devient le berceau de pasteurs et d’enseignants protestants pour d’autres pays, ainsi qu’un modèle d’organisation :
en Hollande avec l’université de Leyde (1575). Influencée par Calvin, l’église de Hollande exige, des parents, des enseignants et des ministères qu’ils instruisent les enfants dans la doctrine chrétienne. Cette décision est prise lors d’un synode.
en Angleterre avec les universités d’Oxford et de Cambridge,
en Ecosse. Selon John Knox, la ville de Genève elle-même devint une parfaite école de la vie chrétienne. John Knox (1505-1572) est un ami personnel de Calvin. Il a commencé son oeuvre en 1559 et fut le Réformateur de l’Ecosse que l’on connaît. Il met en place un plan pour une église nationale et pour la création d’écoles dans lesquelles était donnée une instruction chrétienne.
L’université d’Edinburgh suivra le modèle de l’académie de Genève..
en Nouvelle-Angleterre : ce sont les diplômés de Cambridge qui fonderont les universités célèbres aujourd’hui comme Harvard (Massachussets).
en France où les Huguenots créèrent des écoles élémentaires et secondaires ainsi que des universités.
2-Comenius (1592-1670 .
Né en Moravie (région de l’ex-Tchécoslovaquie), il est appelé le « premier éducateur moderne », ou encore le »prophète de l’éducation moderne ».
Il ne sera reconnu comme tel qu’au XXe siècle.
Il sera pasteur de l’église morave après avoir étudié à l’université de Prague et à l’université de Heildeberg, en 1614.
Sa vie est marquée par la souffrance et la persécution après quelques années seulement de calme. Il devra quitter sa femme enceinte et son petit garçon pour ne plus les revoir et se cacher pendant 7 ans. Pendant ce temps, il exerce son ministère parmi les fugitifs, dans la forêt, mais il arrive quand même à écrire des livres, des pamphlets.
Au début de 1628, il s’installera avec sa seconde femme en Pologne et continuera d’écrire. « The great didactic » sera l’un des plus célèbres de ses livres. C’est un traité d’éducation, dans lequel il expose des principes pédagogiques auxquels font référence les éducateurs contemporains.
Il voyagera beaucoup ensuite et visitera de nombreux pays, comme l’Angleterre, la Suède ou la Hollande.
Les principaux éléments de sa conception de l’éducation :
il prône : -un système d’éducation gratuit, universel et obligatoire,
-un enseignement dans la langue maternelle plutôt qu’en latin,
-un programme progressif, adapté au niveau de développement de l’élève,
-d’étudier l’esprit de l’enfant et lui donner un enseignement qui réponde à ses besoins présents,
-une discipline compréhensive,
-des méthodes de travail intéressantes et agréables par le jeu , le théâtre…
-une adaptation du programme aux capacités de l’enfant en coordonnant l’ensemble des matières d’une manière cohérente pendant la scolarité,
-de développer la personnalité totale de l’élève au lieu de le préparer à une carrière particulière.
Le but de l’éducation pour Comenius est de :
-préparer chaque individu à vivre avec Dieu,
-développer la connaissance et la compréhension de l’élève, dans le respect de Dieu et dans une vie spirituelle authentique.
Quelques méthodes :
-l’éducation est conçue comme un moyen de réformer la société,
-l’enseignant doit toujours viser la mise en pratique de la vérité,
-dans sa vision du processus de l’enseignement, Comenius insiste sur l’activité, la participation : on apprend en participant,
-Il met l’accent sur l’importance des 6 premières années de la vie de l’enfant, ce qu’il appelle l’école maternelle. Ce que l’enfant apprend pendant les six premières années est le fondement de ce qu’il apprendra plus tard.
A 6 ans, l »enfant doit savoir :que Dieu existe,
qu’il est présent partout,
qu’il donne de bonnes choses à ceux qui lui obéissent,
qu’il punit les désobéissants,
qu’il doit être aimé et craint,
qu’il prend avec lui au ciel ceux qui sont justes.
-Il met aussi en évidence la nécessité de la nouvelle naissance pour un réelle éducation chrétienne.
3-Le Piétisme
Le piétisme est un réveil religieux important au sein des églises protestantes des XVIIe et XVIIIe siècles. Il remet en vigueur une religion pratique et authentique. Il s’agit d’une réaction contre l’orthodoxie et le formalisme qui se sont emparés des églises de cette époque. Ce réveil se produit au sein des églises luthériennes, mais apparaît comme une résurgence du mouvement des frères moraves, lui-même héritier de Jean Huss.
Il s’agit d’un retour à l’Ecriture en se libérant des crédos. Le piétisme met l’accent sur la nécessité d’une conscience aiguë de son péché, d’une expérience spirituelle personnelle et d’une vie sainte. L’illumination de l’Ecriture par le St-Esprit est revalorisée avec l’étude personnelle. Le piétisme préconise une certaine forme d’ascétisme.
Les piétistes célèbres
Philippe Jacob Spenner (1635-1705) : il fonde à Francfort en 1670 des groupes de renouveau, les Collegia Pietatis, pour l’étude biblique et la formation théologique des croyants, ainsi que la mise en pratique des exigences bibliques. Il remet en vigueur l’instruction et la catéchèse des jeunes. Il se battra contre le risque du retour à la scolastique et le manque de place laissée à la spiritualité dans les écoles.
Il aura pour élève et successeur August Hermann Francke (1663-1727).
Il faut aussi signaler le comte Zinzendorf (1700-1760).
Conclusion
L’apport du piétisme dans le domaine de l’éducation a été de :
révéler l’importance de l’étude biblique pratique pour la vie spirituelle,
donner naissance à un nouvel intérêt à la mission,
donner à l’éducation chrétienne un rôle pratique dan la préparation à la vie chrétienne,
d’attirer l’attention sur la nécessité de l’éducation pour tous les enfants.
Les Puritains
Les Puritains sont des dissidents de l’église d’Angleterre, des calvinistes à la recherche de la liberté de servir Dieu et d’élever leurs enfants selon leur foi.
Ils ont fui la persécution des Stuart et se sont retrouvé en Nouvelle-Angleterre en 1620 parmi les pionniers. Parmi les colons européens qui avaient fui leur pays à cause de leur foi, comme les Huguenots en Caroline, les Ecossais dans le New-Jersey, les Puritains se sont rapidement mis à l’oeuvre pour établir un système d’éducation pour leurs enfants.
D’abord dans les maisons : l’éducation par les parents est obligatoire et toute négligence était punie par la loi.
Dès 1635, le Collège de Harvard est créé pour la formation des professeurs et peu à peu un système d’éducation se mettra en place. L’école de Yale sera créée en 1707.
Dans leur volonté de communiquer leur foi à leurs enfants, les Puritains auront tôt fait de pourvoir à leur éducation et les écoles seront aussi des écoles de vie chrétienne.
Jean-Marc Potenti.
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